Jérôme Alonzo est un ancien footballeur professionnel français, né le 20 novembre 1972 à Menton. Ancien gardien de but, il a marqué sa carrière par ses passages dans plusieurs clubs de Ligue 1, notamment à l’Olympique de Marseille, à l’AS Saint-Étienne, au Paris Saint-Germain et au FC Nantes. Reconnu pour ses réflexes et son charisme sur le terrain, Jérôme Alonzo a également su se faire un nom grâce à son leadership et sa capacité à s’imposer dans des moments cruciaux. Après sa carrière de joueur, Jérôme Alonzo est devenu un consultant et commentateur sportif reconnu. Il est apprécié pour son expertise, sa passion du jeu et son approche humble et authentique.
Durant votre carrière, vous avez côtoyé de nombreux jeunes talents prometteurs. Quels sont ceux qui vous ont le plus impressionné par leur mentalité et leur progression, et pourquoi ?
Quels entraîneurs ont eu un impact significatif sur votre carrière, que ce soit au niveau technique, mental ou humain ?
En tant que professionnel, on se souvient souvent des coachs qui nous ont permis de franchir le cap vers le plus haut niveau. Pour ma part, c’était Albert Emont à Nice. Henri Stambouli, quant à lui, a véritablement changé ma vie à l’OM, tandis que Gérard Gili a transformé mon jeu. Un jour, il m’a dit : « Jérôme, ce n’est plus possible, tu es trop discret ! » Avec Marc Lévy à la Commanderie, ils m’ont appris à crier sur les corners pendant une semaine entière. Ils m’ont enseigné l’importance de devenir un leader, surtout à l’OM, où il est indispensable d’exister. Cette saison-là a changé le cours de ma carrière.
Regardez un joueur comme Donnarumma, par exemple. À mon avis, on le fait mal bosser. Sur sa ligne, c’est indiscutablement un des trois meilleurs gardiens du monde, mais son jeu aérien reste moyen. Avec ses qualités naturelles et beaucoup de travail, on pourrait en faire un véritable guerrier !
Le football professionnel est un milieu extrêmement compétitif et exigeant. Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux jeunes joueurs qui rêvent de faire carrière, mais qui doivent également faire face à la pression et aux défis de ce milieu difficile ?
La pression a toujours fait partie du jeu. Qu’il s’agisse des parents, des rivalités locales entre clubs, ou de nous qui rêvions d’imiter Platini… Mais il ne faut pas oublier la responsabilité des éducateurs. Prenons l’exemple de mon père, Pierre Alonzo (ancien pro et coach au PSG) : il ne s’est jamais immiscé dans mes performances sportives. À Antibes, il s’installait toujours dans la tribune opposée pour me laisser évoluer de manière autonome. Il est essentiel de rappeler aux parents et aux éducateurs que le football, avant tout, doit rester une source de plaisir et un vecteur de valeurs humaines.
À mon fils, par exemple, je dirais : « Si tu es bon, tant mieux, mais entre 6 et 12 ans, amuse-toi avant tout. » Moi, à 10 ans, je m’enfermais dans ma chambre après un match raté. Aujourd’hui, dans ma région, certains enfants quittent les clubs de foot pour se tourner vers le basket à cause de la pression que tu as mentionnée. Nice ne fait plus autant rêver, et Monaco ainsi que l’OM sont trop éloignés. Nos enfants se rêvent en Mbappé parce que leurs coachs s’identifient à Mourinho.
Le football a beaucoup évolué en termes de préparation physique et technique. Selon vous, quelles sont les compétences qui étaient peut-être moins valorisées à votre époque mais qui sont désormais essentielles pour les jeunes joueurs ?
Tout évolue. Prenons l’exemple des gardiens : un joueur comme Jérémie Janot aurait peut-être eu moins d’opportunités aujourd’hui. Sa taille, 1,76 m, a longtemps été perçue comme un handicap par ses différents coachs à Saint-Étienne. Pourtant, grâce à son mental, Janot a toujours su s’imposer. Mais ce type de parcours devient de plus en plus rare. Attention, il ne faut pas croire que les méthodes d’entraînement de notre époque étaient archaïques. Récemment, j’ai discuté avec Cyril Moine (préparateur physique des Bleus) en Corse, et il me disait que nous n’étions pas si en retard. Déjà, la préparation physique à haute intensité était la norme. Des joueurs comme Fabrice Fiorèse, Modeste M’Bami ou Pablo Sorin parcouraient jusqu’à 14 kilomètres par match ! Je pense que le début des années 2000 a marqué un tournant à ce niveau. Vahid Halilhodžić, par exemple, insistait pour que les gardiens suivent toute la préparation physique.
Avec votre expérience en tant que gardien de but, un poste souvent sous pression, comment avez-vous géré les périodes de doute ou les erreurs lors des grands matchs ?
Alors, j’avais ma propre façon de faire, mais ce n’est pas nécessairement la meilleure. En somme, j’avais besoin de toucher le fond pour mieux rebondir ensuite. Cela passait par une véritable introspection. Je me souviens de mon premier match au Vélodrome contre Le Mans : on encaisse un but et je ressens immédiatement les regards noirs de mes défenseurs, Dib et Casoni ! À la mi-temps, je me suis dit : « C’est fini, j’arrête. Je n’ai pas le niveau. Finis ton match dignement. » Depuis ce jour-là, nous n’avons plus perdu un seul match ! C’était de la psychologie inversée, et ça a fonctionné.
En France, pour le poste de gardien, je pense qu’on manque de modèles. J’ai beaucoup d’admiration pour Hugo Lloris, mais il est plutôt discret. Un jeune voudra davantage ressembler à Barthez, plus démonstratif, car lui a vraiment suscité des vocations. On manque d’un portier charismatique. Mes modèles à moi étaient Bernard Lama, qui a révolutionné le poste, Pascal Olmeta, et Gaëtan Huard. Je me suis également beaucoup inspiré d’autres grands sportifs comme Andre Agassi et Tiger Woods.