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Jean-Marc Furlan : ses conseils pour les jeunes espoirs

Jean-Marc Furlan : ses conseils pour les jeunes espoirs

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Playse offre aux jeunes footballeurs des entraînements de qualité, enrichissant à la fois leurs compétences sportives et leur passion pour le jeu. Plus qu’une simple plateforme de réservation, Playse est positionné comme un pilier de soutien pour les jeunes amoureux du football, avec un accent mis sur leur développement personnel et la camaraderie.

Jean-Marc Furlan est un entraîneur de football français et ancien défenseur central. Il a débuté sa carrière d’entraîneur à Libourne avant de se faire connaître pour ses succès en Ligue 2, notamment avec Troyes, qu’il a conduit à trois montées en Ligue 1. Réputé pour son approche axée sur le collectif et sa capacité à développer de jeunes talents, Furlan est également reconnu pour son style de jeu offensif et spectaculaire. Son parcours comprend des passages marquants à Brest et Auxerre, où il a confirmé son talent pour construire des équipes compétitives. Découvrez l’interview de Jean-Marc Furlan.

Comment un jeune footballeur peut-il se distinguer sur et en dehors du terrain, selon vous ?

L’essentiel est de s’intégrer pleinement au groupe et de comprendre l’importance du collectif. Chaque jeune joueur doit se poser la question : comment puis-je apporter de la valeur à l’équipe ? Pour moi, c’est la capacité intellectuelle, la compréhension du jeu, qui fait réellement la différence dès le plus jeune âge. Se distinguer individuellement est crucial, bien sûr, mais comprendre le concept du collectif, savoir jouer et interagir avec ses coéquipiers, est tout aussi important.

Tu peux avoir les meilleurs talents individuels du monde, mais c’est souvent le collectif qui fait la différence dans le football, un sport où l’incertitude règne. Par exemple, je préfère travailler avec des groupes restreints, car c’est plus efficace. À Brest (2016-2019) et à Auxerre (2019-2022), j’ai mis en œuvre tous les moyens pour créer un collectif soudé et solidaire, ce qui a permis de faire progresser les jeunes joueurs.

Comment comparez-vous les méthodes d’entraînement actuelles à celles de votre jeunesse ?

Les méthodes d’entraînement ont considérablement évolué depuis ma jeunesse. Autrefois, l’accent était principalement mis sur l’endurance et des schémas tactiques rigides, avec moins d’attention portée à l’aspect mental et à la récupération. Aujourd’hui, les entraînements sont plus ciblés, intégrant la technologie, la préparation mentale et une approche individualisée. Les jeunes bénéficient désormais de programmes spécifiques à leur développement, tandis que la nutrition et la récupération sont devenues essentielles pour prévenir les blessures et maximiser les performances.

Les différences sont aussi marquées d’un pays à l’autre. Par exemple, en Espagne, les joueurs passent toute la journée au centre d’entraînement, un modèle que j’ai tenté d’intégrer dans mes propres séances, autant que possible. Il est crucial d’adapter l’intensité selon les périodes : je travaille de manière intensive en début de saison pour assurer une performance optimale en mars, avril et mai. Avant les matchs, j’organise deux séances d’une heure l’avant-veille, ce qui me permet d’observer attentivement l’attitude des jeunes joueurs.

J’utilise également des ateliers axés sur des jeux en triangles, en configurations de 4 contre 3 ou 3 contre 2, et j’apprécie particulièrement la notion de « duo » dans le football. Cela a été bénéfique pour des joueurs comme Thibaut Fousurier, Julien Bèlot et Mathias Autret.

Quelles compétences sont essentielles pour le développement d’un jeune joueur de football, tant sur le plan technique que mental ?

Les deux aspects, technique et mental, sont essentiels, mais j’insisterais particulièrement sur la capacité de compréhension. Certains jeunes joueurs, sans être forcément au-dessus sur le plan technique, se distinguent par une mentalité de fer et une meilleure compréhension des ateliers tactiques. Cette intelligence de jeu, cette capacité à assimiler rapidement les concepts et à les appliquer sur le terrain, fait la différence dès le plus jeune âge.

Au cours de ma carrière, notamment à Troyes avec des talents comme Blaise Matuidi ou Corentin Jean, j’ai souvent constaté que pour bien intégrer les jeunes dans une équipe, il faut accepter de faire des compromis, parfois même de sacrifier des résultats à court terme. Mais c’est un choix nécessaire pour le développement à long terme du joueur et du collectif.

Pouvez-vous partager une expérience marquante de votre parcours d’entraîneur qui a façonné votre carrière ?

Une expérience marquante qui a façonné ma carrière remonte à mes débuts à Libourne, lors de la saison 1997/1998. À l’époque, le directeur sportif m’avait propulsé à la tête de l’équipe première. C’était une belle opportunité, mais aussi un défi immense pour moi. C’est à Libourne que j’ai véritablement appris les rouages du métier d’entraîneur, en me confrontant aux réalités du terrain, à la gestion d’un groupe, et à la pression des résultats.

Six ans plus tard, j’ai eu la chance de prendre les rênes de Troyes. C’est là que ma carrière a véritablement décollé. Hisser le club en Ligue 1 reste l’un de mes plus beaux souvenirs. Ce n’était pas seulement une réussite sportive, mais aussi une aventure humaine exceptionnelle. J’avais sous ma direction des jeunes joueurs talentueux comme Damien Perquis et Blaise Matuidi, qui allaient devenir des références dans le football français.

Ce qui a marqué cette période, c’est la cohésion du groupe. Nous avions un collectif soudé, un groupe solidaire où chaque joueur mettait ses qualités au service des autres. Cette alchimie a permis à l’équipe de surpasser les attentes et d’atteindre des sommets. C’est aussi ce qui m’a façonné en tant qu’entraîneur : la conviction que le succès passe par la création d’un collectif fort et uni, où chaque joueur trouve sa place et contribue à l’objectif commun.

Comment les parents peuvent-ils soutenir efficacement leurs enfants dans leur parcours footballistique sans exercer de pression excessive ?

Le soutien parental est crucial dans le parcours footballistique des enfants, mais il faut trouver un équilibre entre l’encouragement et la pression. Personnellement, quand j’étais plus jeune, à Libourne, je voyais souvent des parents crier autour du terrain, que ce soit en catégories poussins ou pupilles. À la fin des séances, je prenais parfois le temps de les réunir pour leur rappeler qu’il fallait laisser les enfants jouer et apprendre dans un environnement détendu (rires). C’était déjà un sujet sensible à mon époque, et je pense que ça l’est encore plus aujourd’hui.

De mon côté, j’ai eu la chance d’avoir un père qui ne me mettait pas de pression. Il était là pour m’encourager, mais sans jamais exiger de résultats précis ou me faire sentir que je devais absolument réussir. Ce soutien discret m’a permis de rester concentré sur mon développement, de prendre du plaisir à jouer, et finalement, de progresser naturellement. Les enfants ont besoin de sentir que le football est un plaisir, pas une obligation. Les parents devraient encourager leurs enfants à s’épanouir, à développer leur propre passion pour le jeu, sans leur imposer des attentes trop lourdes.

J’ai aussi remarqué que lorsqu’un parent est trop exigeant, cela peut brider la créativité de l’enfant, voire l’amener à abandonner complètement. À l’inverse, un environnement serein et soutenant permet aux jeunes de se développer à leur rythme, de faire des erreurs, d’apprendre, et finalement de réussir. Le rôle des parents, c’est d’être là en arrière-plan, de les soutenir moralement, mais aussi de les laisser respirer, pour qu’ils puissent grandir non seulement en tant que footballeurs, mais aussi en tant qu’individus.