Tripy Makonda est un ancien footballeur professionnel français, né le 24 janvier 1990 à Ivry-sur-Seine. Il a principalement évolué au poste de défenseur latéral gauche, mais pouvait également jouer au milieu de terrain. Formé au PSG, il a fait ses débuts professionnels avec le club parisien avant de rejoindre le Stade Brestois 29, où il a passé plusieurs saisons en Ligue 1. Makonda a aussi eu une expérience à l’étranger, notamment au Portugal avec le club de Coimbra. Après sa carrière de joueur, il s’est reconverti dans le coaching et le développement de jeunes talents. Découvrez Interview de Tripy Makonda, ex-PSG, sur l’encadrement des jeunes, le football pro, et les méthodes d’entraînement modernes.
Qu’est-ce que votre passage au PSG vous a le plus appris sur le football professionnel, notamment en ce qui concerne le formidable vivier de talents en Île-de-France ?
Le football professionnel est un univers de haute performance, où les objectifs de résultats sont primordiaux et où les enjeux économiques sont considérables. La concurrence y est particulièrement intense, surtout en Île-de-France, qui est l’un des plus grands viviers de talents au monde. Chaque jour est une remise en question, et c’est ce qui distingue le football chez les jeunes du monde professionnel. Pour se faire une place, il faut faire preuve d’une grande ouverture d’esprit et ne pas hésiter à apprendre des autres, notamment en s’entourant de joueurs plus expérimentés. J’ai eu la chance de côtoyer des coéquipiers de renom comme Papus Camara, Ludovic Giuly ou Peguy Luyindula, qui n’ont pas hésité à me conseiller et à me guider avec rigueur lorsque je m’écartais du bon chemin.
Comment le manque d’intérêt des jeunes pour les postes défensifs, comme celui d’arrière gauche (celui que tu as occupé) affecte-t-il le développement du jeu collectif chez les jeunes footballeurs ?
La plupart des jeunes footballeurs aspirent à devenir attaquants, encore aujourd’hui. Au quotidien, lorsqu’on travaille avec les jeunes catégories, les enfants évoluent généralement dans un cadre de football à 8 pour les aider à se développer. On essaie de les faire jouer à différents postes pour qu’ils puissent améliorer leur vision du jeu, et on les évalue pour déterminer leur poste de prédilection. Cependant, dans les catégories de jeunes, ils n’ont pas encore les réflexes collectifs nécessaires et sont souvent très individualistes. Dès la catégorie U11, on met en place une approche tactique davantage orientée vers le collectif et la coopération avec les partenaires de jeu, ce qui reste un défi lorsqu’il s’agit de former des joueurs pour des postes défensifs essentiels comme celui d’arrière gauche.
Comment avez-vous vu évoluer les méthodes d’entraînement depuis vos débuts jusqu’à aujourd’hui ?
Les méthodes d’entraînement ont évolué vers des approches plus structurées, comme la périodisation tactique, développée par Vitór Frade. Cette méthode, adoptée par des entraîneurs de renom comme José Mourinho, organise les séances autour des quatre moments essentiels du jeu : défense, transitions et attaque. L’objectif est de trouver un équilibre entre le développement individuel des joueurs et la cohésion du groupe, en insistant sur l’importance du collectif. Aujourd’hui, l’entraînement est davantage compartimenté pour répondre aux exigences du jeu moderne tout en conservant l’essence du football : un sport collectif où chaque joueur apprend à jouer avec et pour les autres.
Comment percevez-vous l’évolution de la mentalité des jeunes footballeurs d’aujourd’hui par rapport à celle de votre génération ?
Les jeunes joueurs actuels semblent plus précoces que dans ma génération. On voit des talents comme Warren Zaïre-Emery, Eliesse Ben Seghir, ou encore Antoine Mendy à Nice qui percent très tôt dans le milieu professionnel. Cependant, il est crucial de faire preuve de prudence. Trop souvent, ces jeunes grillent les étapes, ce qui peut conduire à des lacunes dans leur développement sur le long terme. Cependant, il est essentiel de respecter et de valoriser les parcours de chacun, même dans les divisions inférieures. J’ai autant de respect pour un ami qui a disputé 350 matchs en CFA que pour tout autre joueur. Peu importe le club où l’on évolue, il est crucial de donner le meilleur de soi-même tout en gardant ses rêves vivants.
Quels coachs ont eu le plus d’influence sur votre carrière et pourquoi ?
Tu apprends de tous les entraîneurs que tu as côtoyés, car au-delà de l’aspect technique, c’est avant tout une question de rapport humain. Jean-Luc Vasseur, lors de ma formation, a été l’un des plus marquants. Il m’a beaucoup enseigné sur l’animation du jeu et la fluidité collective. Sa présence sur le terrain, à nos côtés, était une source d’inspiration. Paul Le Guen a également joué un rôle déterminant dans ma carrière. Alors qu’il cherchait une doublure pour Sylvain Armand, il m’a proposé de le remplacer lorsque Sylvain s’est blessé. Cette opportunité a marqué un tournant dans ma carrière professionnelle. J’ai aussi beaucoup apprécié évoluer sous les ordres de Costinha à Coimbra. Il m’a véritablement façonné en tant que joueur. Très pédagogue et à l’écoute, il nous parlait souvent de son expérience avec une grande simplicité. Ce qui m’a le plus marqué au Portugal, c’était l’intensité des entraînements. Contrairement à la France, les protège-tibias étaient obligatoires lors des séances, ce qui témoignait de la rigueur et du sérieux exigés.
Y a-t-il un jeune joueur qui vous a particulièrement impressionné au cours de votre carrière ?
Parmi les jeunes joueurs qui m’ont le plus impressionné, je pense tout d’abord à Mamadou Sakho, au PSG. Sa détermination était incroyable, il avait une envie insatiable de réussir. Alors que moi, je pensais à franchir les étapes de manière méthodique, lui en voulait toujours plus. Yacine Brahimi est un autre joueur qui m’a marqué, un véritable joyau du football. Son talent était exceptionnel, et sa facilité sur le terrain faisait de lui un joueur hors du commun. Dès son plus jeune âge, il était déterminé à devenir professionnel, capable de changer le cours d’un match à lui seul. Il était d’ailleurs une cible pour le PSG à l’époque où Laurent Blanc était à la tête du club.