Charles Itandje est un ancien international camerounais, principalement connu pour son poste de gardien de but. Il a évolué dans des clubs comme le RC Lens, Liverpool FC, et PAOK Salonique, avant de représenter l’équipe nationale du Cameroun, avec laquelle il a notamment remporté la Coupe d’Afrique des Nations en 2017. Reconnu pour son expérience et ses qualités de leadership, Charles Itandje a marqué de son empreinte le football africain et européen. Découvrez l’interview de Charles Itandje, ses conseils essentiels pour le développement et l’accompagnement des jeunes footballeurs.
Charles Itandje, quels sont les principaux pièges à éviter pour les jeunes talents en herbe ?
Il faut éviter de se voir plus beau que l’on est. La vérité d’un jour n’est pas celle du lendemain, il est nécessaire de ne jamais baisser les bras et surtout de rappeler aux enfants et aux parents qu’il y a beaucoup de prétendants, mais peu d’élus dans ce milieu. Parallèlement, l’équilibre de l’enfant, du jeune, est primordial : il doit rester concentré et ne pas succomber aux tentations extérieures, car elles sont nombreuses.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes pour gérer les échecs et les revers ?
La vie ne s’arrête pas si le succès n’est pas au rendez-vous. Il existe beaucoup de métiers liés au sport (journaliste sportif, kiné, coach, travailler dans un club…), des passerelles pour faire un métier passion si le jeune possède un bon bagage scolaire. Il y a toujours un plan B en cas d’échec. Et j’irais même plus loin : on ne parle pas d’échec, mais d’apprentissage. Comme le disait l’immense Michael Jordan : « L’échec est l’engrais du succès ».
Comment les parents peuvent-ils aider au développement de leurs enfants footballeurs ?
Les laisser tranquilles ! Un jour, je me suis retrouvé à un tournoi où un enfant avait été élu meilleur joueur, et c’est son papa qui est allé récupérer le trophée à sa place. Il avait complètement éclipsé son fils, c’est fou ! C’est dangereux de vivre par procuration. Certains jeunes ne jouent plus par plaisir, c’est un fléau : ils ressentent la pression des parents. C’est pourquoi j’insiste : le plaisir avant tout, c’est la base.
Quel rôle jouent les anciens professionnels dans le mentorat des jeunes ?
On essaie de les accompagner, d’échanger en permanence avec les jeunes, un peu comme des grands frères. Personnellement, j’essaie de transmettre mon expérience au quotidien en tant qu’ancien pro, et j’oriente souvent nos échanges sur la vie d’athlète, l’individu qu’il représente avant d’être sportif. C’est fondamental, car beaucoup occultent cette dimension humaine.
Charles Itandje, comment voyez-vous l’évolution du football des jeunes depuis votre époque ?
Il y a eu énormément de changements ces dernières années, parfois néfastes, parfois positifs. Aujourd’hui, les jeunes sont de plus en plus précoces. Ils apprennent plus vite et accèdent au haut niveau très tôt, parfois à peine 17 ans. C’était inconcevable à mon époque, car les formateurs et les éducateurs protégeaient davantage les jeunes. De nos jours, on peut parler de précocité forcée pour certains à cause de la pression. Mais dans le fond, peu importe, cela reste une question d’accompagnement, mais aussi d’environnement. Plus il est sain, mieux c’est. J’estime que si un jeune est suffisamment mature pour passer à l’étape supérieure, il ne faut pas hésiter.